Les origines

L’Artsakh est le berceau de la civilisation arménienne et fut peuplé essentiellement d’Arméniens tout au long de son histoire. Son appartenance au royaume d’Arménie est attestée par des centaines de récits historiques grecs, romains, arabes, byzantins, perses et arméniens.

L’église Saint-Jean-Baptiste au monastère de Gandzassar. Situé près du village de Vank, à 50 km de Stepanakert, ce monument emblématique de la culture arménienne a été fondé par le melik (prince) de Khatchen, Hassan, Djalalian entre 1232 et 1238.

Cette continuité est également confirmée par les données archéologiques : des fouilles effectuées entre le lac Sevan en Arménie et la rivière Koura ont mis à jour une culture dite

« des sépultures à jarres » (fin du pre- mier millénaire av. J.-C.) qui se rattache aux traditions du Plateau arménien et se distingue des autres cultures du Caucase.

Comme l’ensemble de l’Arménie, l’Artsakh a été christianisé au début du IVe siècle par l’évangélisateur saint Grégoire l’Illuminateur. Son petit-fils Grégoris, évêque d’Artsakh, y est enterré, sous les dalles du monastère d’Amaras (an 338).

Dès le Ve siècle, ce monastère a abrité la première école d’Artsakh et même de toute l’Arménie sous l’impulsion de Mesrop Machtots, l’inventeur de l’alphabet arménien, qui y a exercé une grande activité d’alphabétisation.

En Artsakh, les églises et les monastères ne se distinguent des constructions du reste de l’Arménie que par des spécificités provinciales et sont couvertes d’inscriptions arméniennes, comme les innombrables khatchkars, ces plaques à croix propres à l’art arménien. Les auteurs médiévaux d’Artsakh Movsès Daskhourantsi (XIe siècle), Mkhitar Goch (XIIe siècle) et Kirakos Gandzaketsi (XIIIe siècle) affirmaient être Arméniens et ont écrit en arménien.

Les dominations arabe, byzantine, turque seldjoukide, mongole, turkmène et perse séfévide qui se succèdent en Arménie (y compris en Artsakh) du VIIe au XVIIe siècles n’affaibliront cependant pas l’autorité arménienne sur les montagnes d’Artsakh. C’est d’ailleurs la seule région d’Arménie à avoir préservé jusqu’au bas Moyen-Age, et sans discontinuité, un pouvoir arménien autochtone et une certaine souveraineté nationale.

C’est en Artsakh (rebaptisé Karabagh sous la domination tataro-mongole au XIVe siècle), sous l’égide du catholicossat arménien, que prend corps aux XVIIe et XVIIIe siècles la volonté de renaissance nationale et l’idée de recréer un État arménien indépendant, allié à la Géorgie et protégé par la Russie.

Céramiques kouro-araxiennes, Âge du bronze ancien, IIIe millénaire av. J.-C. (musée de Stepanakert).

Cette volonté n’a dès lors jamais quitté l’esprit des Arméniens d’Artsakh qui sont parvenus en 1991, après deux siècles de tumultes, de succession d’empires avec leur degré de tolérance ou de répression et, pour finir, après sa soviétisation, son rattachement forcé à l’Azerbaïdjan et une politique de désarménisation programmée pendant soixante-dix ans, à réaliser le vieux rêve d’un État arménien national en Artsakh.